Le dernier jour d’un condamné - Etude séance 6
Le dernier jour d’un condamné:
Séance 6. De Victor Hugo à Robert
Badinter.
Dominante : lecture.
Objectifs : - maîtriser les procédés oratoires,
- montrer
comment Hugo et Badinter ont aussi dénoncé la peine de mort devant leurs pairs
Supports : le discours de V. Hugo
devant l’Assemblée Constituante le 15/09/1848 – le discours de R. Badinter
devant l’Assemblée Nationale le 17/09/1981.
Précisions : L’étude de
ces textes s’appuie sur une analyse stylistique des procédés rhétoriques. On
pourrait poursuivre ce travail en étude de la langue, en faisant noter et trier
les différents procédés d’écriture qui permettent à un auteur de persuader ou
de donner de la force à son argumentation.
I – Etude du discours de V. Hugo:
1 – Etudier la situation de communication.
Réponses attendues :
Emetteur : Hugo, « je »
Récepteur : « vous », « Messieurs »,
c’est à dire les membres de l’assemblée constituante.
2 – Quelle est la thèse défendue par Hugo. Retrouvez
l’organisation du texte. En déduire les arguments utilisés par Hugo.
Réponses attendues :
La thèse : « je vote l’abolition pure, simple et
définitive de la peine de mort.
L’organisation du texte :
Les quatre premiers paragraphes : le contexte
Paragraphes 5 à 7 : Qu’est-ce que la peine de mort ?
Paragraphes 8 et 9 : Le rôle de Dieu.
Paragraphes 10 à fin : Il faut agir.
Les arguments :
- l’inviolabilité du domicile va de pair avec l’inviolabilité de
la vie humaine.
- Voter l’abolition de la peine de mort, c’est faire avancer la
civilisation.
- L’homme ne peut se soustraire à Dieu.
3 – Quels sont les procédés
oratoires ?
a – Relevez les types de phrases et
justifiez leur emploi.
Réponses attendues :
Phrases déclaratives : elles permettent à Hugo d’énoncer ses
convictions.
Phrases interrogatives : elles permettent d’insister sur son
propos, obtenir une confirmation.
Phrases exclamatives : elles permettent d’exprimer son
indignation.
b – Quels sont les mots qui
reviennent le plus souvent ? Quel est le sens de ces répétitions ?
Réponses attendues :
Constitution (4 fois), inviolabilité (3
fois), peine de mort (5 fois), messieurs (4 fois), mots (4 fois), loi (3 fois).
Les mots répétés sont les clés du discours. Ils permettent d’insister sur
l’objet de l’intervention d’Hugo (abolition de la peine de mort).
c – Quels sont les temps verbaux
employés et leur valeur ?
Réponses attendues :
Présent d’énonciation : il renvoie au moment où Victor Hugo
parle.
Futur : il renvoie à un avenir
indiscutable selon Hugo (l’avenir lui donnera raison et un jour la peine de
mort sera abolie).
Impératif : il exprime l’ordre ou la prière de l’orateur.
d - Les modalisateurs marquent la prise de
position de l’émetteur. Quels sont-ils ?
Réponses attendues :
Verbes de sentiments : « je regrette » (2 fois)
Emploi de guillemets : « en présence de Dieu »
Interjection : « eh bien » (2 fois)
Vocabulaire valorisant : « consacrer »,
« gloire », « la hauteur de son grand cœur », « idée
sublime »
Vocabulaire dévalorisant : « barbarie »,
« peine de mort », « la torture », « sous leur
poids », « épouvante ».
Conclusion : Victor Hugo met tous les procédés oratoires
en œuvre pour la défense de ses convictions en matière de justice. Il cherche à
convaincre l’Assemblée du bien fondé de ses idées.
II – Le XXème siècle a aboli la peine de mort :
1 – Etudier la situation de communication.
Réponses attendues :
Emetteur : Robert Badinter, Ministre de la justice.
Destinataire : les députés de l’Assemblée Nationale.
2 – Quelle est la thèse de Robert
Badinter. Retrouvez l’organisation du texte. En déduire les arguments utilisés
par Robert Badinter. En quoi le principal argument utilisé reprend-il les idées
de Victor Hugo ?
Réponses attendues :
La thèse : « j’ai l’honneur de demander à l’Assemblée
nationale l’abolition de la peine de mort en France ».
L’organisation du texte :
Paragraphe 1 : Enoncé de la thèse.
Paragraphe 2 : Remerciements à ceux qui avant lui avaient
milité pour l’abolition de la peine de mort.
Paragraphe 3 : Un débat de conscience plus qu’un débat
politique.
Paragraphe 4 : Rappel historique sur la demande d’abolition
de la peine de mort.
Paragraphes 5, 6, 7, 8,9 : La France : entre grandeur et
retard.
Paragraphe 10 : Pourquoi ce défaut de décision ?
Paragraphes 11, 12, 13 : La cause politique.
Paragraphe 14 : L’argument qui soutient la thèse.
Paragraphe 15 : L’action en politique.
L’argument utilisé par Robert Badinter
reprend celui énoncé par Victor Hugo sur l’évolution de la civilisation
« la justice française ne sera plus une justice qui tue ».
3 – Quels sont les procédés
oratoires ?
a – Relevez les types de
phrases et justifiez leur emploi. Quelle remarque faites-vous par rapport aux
types de phrases utilisés par Victor Hugo ?
Réponses attendues :
Phrases déclaratives : elles sont
les plus nombreuses.
Phrases interrogatives : elles
permettent d’interpeller l’auditoire. Robert Badinter souligne l’antagonisme
entre la France, pays des droits de l’Homme et la peine de mort, toujours en
vigueur.
Il semble qu’au XXème siècle
les esprits ont évolué. L’abolition de la peine de mort semble acquise avant
même que le vote n’ait eu lieu. De fait, Robert Badinter a moins besoin de
convaincre l’auditoire que Victor Hugo.
b – Quels sont les mots qui
reviennent le plus souvent ? Quel est le sens de ces répétitions ?
Réponses attendues :
Justice (3 fois)
Demain (4 fois)
Abolition de la peine de mort (10 fois)
France (8 fois)
Le sens de ces répétitions : elles
permettent d’appuyer sa thèse :
Robert Badinter rend hommage à ceux qui
ont lutté jadis pour l’abolition de la peine de mort et il remercie ceux qui
vont, aujourd’hui, contribuer à faire de la justice de demain, une justice plus
juste.
4 – « L’abolition, […]
a toujours été une des grandes causes de la gauche française. » Comment Robert
Badinter explique-t-il cet état de fait ? Peut-on retrouver cette idée
dans le discours de Victor Hugo ?
Réponses attendues :
Robert Badinter souligne que pour lui,
la gauche est synonyme de « force de changement, force de progrès, force
de révolution […] qui font avancer l’histoire. »
Cette idée que l’abolition est une cause
de la gauche se retrouve en filigrane dans le discours de Victor Hugo notamment
par rapport aux réactions de l’auditoire, « Applaudissement à gauche.
Protestations à droite ».
5 – De quel changement
politique parle Robert Badinter ? En quoi ce changement va-t-il favoriser
le vote de l’abolition ?
Réponses attendues :
En 1981, François Mitterrand est élu
Président de la République. C’est la première fois dans l’histoire de France
qu’un président socialiste est élu. Cette alternance politique va donc jouer en
faveur de ce vote.
Conclusion de
la séance :
en 1848, Victor Hugo évoque l’idée de l’abolition de la peine de mort en
France. Il faudra attendre un siècle et demi pour que cette idée devienne
réalité, preuve que les esprits avaient besoin de temps pour la mûrir.
Suggestion
d’un thème de débat en ECJS : la peine de mort a été abolie en France mais pas partout comme
aux Etats-Unis où elle subsiste dans certains Etats. Peut-on justifier cette
peine de mort ?